Le requiem de mozart

Publié le par fritz

Jamais oeuvre n'a sans doute laissé derrière elle un trouble plus profond, qu'ont encore grandit deux siècles de légendes...  

Les circonstances de la composition ne manquent certes pas de mystère romanesque. En juillet 1791, Mozart, épuisé par le travail et les inquiétudes tant morales que financières, mettait la dernière main à la Flûte enchantée lorsqu'il reçu la visite d'un messager secret. On sait aujourd'hui qu'il s'agissait de l'intendant du comte Walsegg, lequel, tant veuf que mélomane, entendait obtenir une messe des morts à la mémoire de sa femme défunte : messe anonyme, soit qu'il souhaitât selon la mode la livrer aux devinettes de son cercle d'érudits pour en identifier l'auteur, soit qu'il voulût bien sûr s'en attribuer la paternité (ne fut-il pas, en effet, stipulé devant notaire que Mozart devait remettre à son commanditaire le manuscrit autographe sans en prendre copie?).

Le commanditaire faisait certes un choix judicieux en la personne de Mozart, nommé vice-maître de chapelle a la cathédrale de Vienne depuis le 9 mai 1791. Cela d'autant plus que le compositeur continuait son travail sur la forme musicale de la messe dans un souci de renouvellement, là où s'étaient arrêtées les innovations ébauchées sous Joseph II. Rappelons qu'en 1788, entre Don Giovani et cosi fan tutte, Mozart s'employait encore à composer pour l'église : des analyses récentes situent d'ailleurs indiscutablement à cette époque finale de nombreuses esquisses que l'on datait jusqu'alors de la période salzbourgeoise. Contrairement à ce qui fut longtemps affirmé, Mozart n'avait donc cessé de se consacrer à l'écriture religieuse, sans se circonscrire à la seule production maçonnique.

On sait encore que l'envoyé se fit pressant, renouvelant ses apparitions comme Mozart, déjà malade, faisait face à grand mal à une surcharge de travail. En effet, une nouvelle commande venait de lui échoir début août, celle d'un opéra pour le couronnement du roi de Bohême Léopold II : ce sera la Clémence de Titus et cette gageure terrible d'en rédiger la partition en trois semaines. Mozart, exsangue, angoissé, fut frappé par les retours de cet énigmatique messager, même s'il est vrai que la fameuse prémonition de sa fin prochaine relève plus de l'imagerie romantique que de la simple réalité.

On sait enfin que la mort interrompit l'ouvrage commencé à l'automne 1791 (et que Mozart avait daté de 1792 pensant y consacrer un certain temps),laissant aux mains des héritiers, des éléves et des commentateurs le soin d'une partition longuement controversée...Constance, jusqu'en 1799, garda le nom secret du commanditaire, plus longuement encore elle s'acharna à nier toute collaboration étrangère à l'achèvement de l'oeuvre : tant pour satisfaire son "client" et obtenir ainsi un paiement complet dont elle avait un urgent besoin, que pour auréoler son diable de mari d'une gloire plus chrétienne !

Toutes les interprétations ont fleuri d'abondance sur des lettres prétendues, des documents suspects, des témoignages sujets à caution, des appropriations hâtives. Qu'est-on en mesure d'établir avec certitude aujourd'hui ?

Mozart a entièrement rédigé les deux premiers morceaux (Requiem et Kyrie ; il a défini pour une bonne part le matériel des cinq premières morceaux (Requiem et Kyrie) ; il a défini pour une bonne part le matériel des cinq premières sections de la séquence, du Dies irae au Confutatis compris : ainsi les parties vocales, le chiffrage des basses etc... Après des essais infructueux ou partiels (notamment de Joseph Eybler) la relève fut assurés par Franz-Xaver Süssmayr, à la demande de Constance. Élève du maître, il en connaissait le style et venait par ailleurs de l'assister dans la rédaction des récitatifs de la Clémence de Titus. Il travailla l'orchestration à partir des nombreuses indications, poursuivit le Lacrimosa dont Mozart avait esquissé de sa main les huit premières mesures avant de se taire à jamais. Enfin il compléta, non sans respect, les parties manquantes, en s'aidant des instructions de la dernière heure, des notes autographes remises par Constance, des "secrets d'atelier" confiés par son maître : le tout, comme on le dit souvent, sans talent suffisant pour grandement servir ni grandement trahir.

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Livret du Requiem

I Introït

II Kyrie

III Séquence


n°1 Dies irae

n°2 Tuba mirum

n°3 Rex tremendae

 
n°4 Recordare 

n°5 Confutatis

n°6 Lacrimosa


IV. Offertoire

 
n°1 Domine Jesu Christe
.

n°2 Hostias

V. Sanctus

VII. Benedictus

VII Agnus Dei

VIII. Communion


Mon oeuvre musicale préférée. Ce requiem me bouleverse à chaque fois que je l'écoute. Connaissez vous des oeuvres aussi poignante et chargée en émotions?

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